La conférence Mining Indaba en Afrique du Sud se clôt sur un constat : la concentration de la production de cobalt entre la RDC et la Chine fait peser un risque sur l’approvisionnement mondial.
L’abandon annoncé par la France et la Grande-Bretagne des véhicules à essence et diesel d’ici à 2040 et le virage de l’industrie automobile mondiale vers les véhicules électriques ont placé le cobalt au centre d’un débat complexe. En effet, ce métal entre, avec le lithium, dans la composition des batteries lithium-ion des voitures électriques comme dans celles des smartphones.
Les projections de Transparency Market Research estiment ainsi que le marché mondial des batteries au lithium-ion devrait passer d’une valeur de 24 milliards d’euros en 2015 à 61 milliards à l’horizon 2024. Cette progression s’expliquant essentiellement par la demande de l’industrie automobile. Le cabinet de conseil Morgan Stanley estime ainsi que les véhicules électriques devraient représenter la moitié des ventes mondiales à l’horizon 2050.
66% de la production mondiale
Mais cette dépendance aux batteries au lithium-ion repose sur une faiblesse préoccupante. Les géants de l’industrie mondiale tels qu’Apple, Samsung, Volkswagen ou Tesla sont dépendants des livraisons d’un pays africain plongé dans un profond marasme politique : la République démocratique du Congo (RDC), qui assure à elle seule les deux tiers de la production mondiale de cobalt, estimée à 148.000 tonnes en 2015 par la British Geological Survey.
L’autre particularité du cobalt est que les pays de production diffèrent souvent de ceux où ce métal est raffiné. De ce point de vue, la Chine arrive largement en tête puisqu’avec plus de 48.000 tonnes par an, elle raffine à elle seule près de la moitié du cobalt disponible sur le marché mondial. D’ailleurs la Chine est largement présente en RDC puisqu’elle raffine la plus grande partie du cobalt extrait dans ce pays. Dès lors, il y a un véritable danger pour l’industrie automobile, ou celle des téléphones portables, à dépendre ainsi de la RDC.
Dans un article publié par le site de vulgarisation scientifique The Conversation, Ben McLellan, chercheur à l’université de Kyoto au Japon, estime que l’industrie automobile “devrait se soucier du fait que l’approvisionnement d’un de ses minéraux essentiels (…) pourrait être trop centralisé dans un seul pays.”Si la Chine demeure par ailleurs un Etat plus fiable du point de vue économique, la crise d’approvisionnement en terres rares, entre 2009 et 2012, a montré que Pékin pouvait avoir une utilisation politique de ses ressources minérales.