Dix-sept minéraux d’aspect métallique et présentant un enjeu stratégique et économique majeur pour la planète, ça vous dit quelque chose ? Il s’agit des «terres rares», des métaux utilisés aussi bien dans nos appareils électroniques fétiches que dans les technologies vertes. Les méthodes d’extraction de ces «terres rares» sont, quant à elles, beaucoup moins «vertes», et suscitent la controverse.
Qu’est-ce que les «terres rares» ?
Prométhium, Scandium, Terbium… Dix-sept minéraux recherchés sur toute la planète et indispensables aussi bien à la fabrication des produits high-tech comme les Smartphones, GPS et tablettes qu’à la fabrication des éoliennes et des voitures hybrides. Utilisées en quantités infimes, les «terres rares» sont dotées de propriétés électroniques particulières. Une fois alliées à d’autres composants chimiques, elles permettent la fabrication d’aimants permanents utilisés dans la construction de divers appareils allant des panneaux solaires, aux missiles militaires en passant par les systèmes de guidage automobiles ou le fuselage des avions de chasse. Elles sont également utilisées pour tous les systèmes d’éclairage comme les ampoules à basse consommation, les écrans plats, les ordinateurs portables, les tablettes et les Smartphones, sans oublier les batteries des voitures électriques.
Le nom «terres rares» est plutôt dû à leur aspect métallique qu’à leur rareté. Ces métaux sont, en fait, assez répandus si bien qu’on en trouve un peu partout dans l’écorce terrestre.
Des conditions d’extraction néfastes.
Bien qu’on trouve les «terres rares» un peu partout dans le monde, leur extraction n’en est pas moins difficile. Leur concentration dans la roche est très faible, il faut d’abord les séparer puis les purifier avec des procédés hydro- métallurgiques et des bains d’acides. Les procédés d’extraction sont chers, mais surtout polluants. Le raffinage et l’utilisation de produits chimiques dangereux produisent des poussières métalliques qui entrainent des maladies pulmonaires chez les êtres vivants et irradient complètement les terres alentour.
C’est le cas de la ville de Baotou en Mongolie intérieure, le plus grand site chinois de production et capitale autoproclamée des «terres rares». Les usines de traitement installées dans cette ville déversent des eaux polluées dans lesquelles on trouve toutes sortes de substances chimiques toxiques et radioactives qui provoquent divers types de cancers (poumon, sang, pancréas).
Outre les maladies qui touchent les habitants des villages avoisinant les sites de production, l’agriculture en souffre aussi. Les champs sont dépourvus de fruits, légumes et de plantes qui ne poussent plus en raison des vapeurs de souffre, de fluor d’acide sulfurique et des poussières de charbon qui imprègnent l’air et polluent les lacs. 75% des «terres rares» dans le monde sont produites à Baotou, ce qui en fait un des lieux les plus pollués de la planète.
Qu’en est-il du Maroc ?
Selon une exploration menée par l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), la zone du sud du Maroc serait pourvue de «matières précieuses». Des «terres rares» auraient été découvertes à GlibatLafhouda, Twihinate, Drag Al Farnan et à Lamlaga.
Une découverte qui viendrait compléter les richesses du Sud marocain, une région dans laquelle la recherche de plusieurs minerais précieux s’intensifie, révélant des «teneurs encourageantes» en or.
Conjoncture
En mars 2012, les États-Unis, l’Union européenne et le Japon portent plainte contre la Chine à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et remettent en cause le comportement des Chinois alors accusés de réduire l’offre à l’export pour faire grimper les prix et privilégier la consommation locale.
La Chine répondra à cette accusation en se disant elle-même susceptible de devoir importer certaines «terres rares».
Le 25 octobre 2012, le groupe Baotou Steel Rare-Earth Hi-Tech Co, plus grand producteur de «terres rares» chinois annonce qu’il suspend sa production pour une durée indéterminée. Est-ce pour des raisons environnementales ou pour pouvoir mieux répondre à une demande intérieure forte qui ne cesse d’augmenter ?
La Chine possède 35% des réserves accessibles et produit 97% des «terres rares» utilisées dans le monde à partir des plateaux de la Mongolie et du Tibet. Visiblement moins préoccupée par les normes écologiques, la Chine nourrit la demande croissante des pays occidentaux, surtout que les besoins du marché en termes de produits high-tech et d’énergies vertes ne faiblissent pas. Bien que les États-Unis et l’Australie possèdent respectivement 15% et 5% des réserves connues, il est beaucoup plus rentable pour eux de s’approvisionner chez les Chinois qui offrent des prix défiant toute concurrence et qui leur évitent des procès écologiques.